Colette

Colette

Performance conférence

La grande ville et la province étroite

Durée 35′, 2015

1 « La séduction qui émane d’un être au sexe incertain ou dissimulé est puissante. »

 « Je sors d’un milieu où la beauté masculine et la beauté féminine se côtoient également […] si peu que j’ai fréquenté, dans ma vie passée, le monde sans épithète, il m’a été facile de surprendre que les moyens de plaire sont les mêmes chez les hommes et chez les femmes, et guère plus discrets »

camille zéhenne

2 Sans dot :  « où la chèvre est attachée il faut qu’elle broute » 

 «  Sido » et mon enfance, l’une et l’autre, l’une par l’autre furent heureuses au centre de l’imaginaire étoile à huit branches, dont chacune portait le nom d’un des points cardinaux et collatéraux. Ma douzième année vit arriver la mauvaise fortune, les départs, les séparations. Réclamée par de quotidiens et secrets héroïsmes, ma mère appartint moins à son jardin, à sa dernière enfant…»

3-Raconter sa famille : « Deux et deux font cinq »

Comme toutes les familles en apparence heureuse, celle de Colette témoigne d’une familiarité grande, une affection communément partagée par tous ses membres. Le temps et la nature des discordes sourdes qui gouvernent la réalité des relations ne tardera pas éclater, par petites bulles, jusqu’au tableau final : Achille brûlant toutes les lettres de Colette à sa mère et la rejoignant dans la tombe quelques mois plus tard.

4- Le mariage : « Nous sommes jeunes et il fait beau. »

camille zéhenne

5- Tumulte du couple : « Quoi donc ? La paix, alors ? La pommade aux concombres pour la nuit et les journaux au lit le matin ? »

« J’appelle nonnes ces prédestinées qui soupirent entre les draps, mais de résignation, aiment en secret l’abnégation, la couture, les travaux du ménage et couvre-lits en satin ciel faute d’un autre autel à napper de la couleur virginale… Celles-là prennent un soin fanatique des vêtements de l’homme, du pantalon surtout, bifide et mystérieux. »

En cela résume -t-elle la triste vie des femmes entretenues qu’elle fuira toute sa vie.

 Colette indépendante, soutenue par sa mère, se rebiffe :

« Voyez-vous que le hasard ait fait de moi une de ces femmes cantonnées dans un homme unique, au point qu’elles en portent jusque sous terre, stériles ou non, une ingénuité confite de vieille fille ?… D’imaginer un pareil sort, mon double charnu, tanné de soleil et d’eau, que je vois dans le miroir penché, en tremblerait, s’il pouvait trembler encore d’un péril rétrospectif.» écrit-elle dans l’Entrave

6- La tentation Saphique : a day of sweetly enjoyed retirement.

« C’est cette sensualité sans résolution et sans exigences, heureuse du regard échangé, du bras sur l’épaule, émue de l’odeur de blé tiède réfugiée dans une chevelure, ce sont ces délices de la présence constante et de l’habitude qui engendrent et excusent la fidélité. Brièveté merveilleuse des jours pareils à la lampe répercutée dans une perspective de miroirs ! Peut-être cet amour, qu’on dit outrageant pour l’amour, échappe-t-il aux saisons, aux déclins de l’amour, sous la condition qu’on le gouverne avec une sévérité invisible, qu’on le nourrisse de peu, qu’il vive à tâtons et sans but et que sa fleur unique soit une confiance telle que l’autre amour ne puisse ni la sonder, ni la comprendre, mais seulement l’envier, — telle que par sa grâce un demi-siècle coule comme a day of sweetly enjoyed retirement. »

7- Il faut aimer les bêtes avec sévérité

« La minne vient de rentrer ; elle avait disparue depuis avant-hier. Elle était fort malade et je craignais que, comme le perroquet d’Alexandre Dumas père qu’il avait étouffé parce qu’il l’avait mordu pendant qu’il était en visite avec une dame, elle s’était cachée pour mourir. Je la cherchais agonisante. Il n’en est rien. Elle a très faim et comme je n’ai pas de viande à lui offrir, je lui fais cuire un œuf. »

8- Colette et Sido : C’est l’ordinaire qui me pique et me vivifie.

L’écriture comme ré-interprétation de la vie

9- « La mort ne m’intéresse pas, la mienne non plus. »

camille zéhenne