Faut-il vraiment se forcer à penser ? Il semble parfois que l’autre expérience, celle de l’exténuation progressive de la pensée et de l’energie d’écrire, soit plus nouvelle et plus extraordinaire. Jusqu’ou peut aller cette désaccoutumance ?
[[Essuyer furtivement sur son échec une larme philosophique]]
[[Etre l'historien des neiges]]
Etre l'historien des neiges, le théoricien de la glaciation, l'éxégète des virus, l'océanographe de l'ennui. Penser devient une précipitation météorologique de particules cérébrales : pluie et neige au coeur de la dépression.
[[ La vie en soi n'est pas déséspérée... ]]
[[Le monde n'est qu'une sous préfecture]]
Tout le frétillement inutile et le fourmillement occulte des services secrets est passé dans le champ intellectuel, avec ses milliers de colloques qui se prennent en filature les uns les autres – ne parlons pas des agents doubles, qui travaillent pour une puissance étrangère, celle de la Stupéfaction virtuelle et de l'Inintelligence comparée. Avec ses milliers de chercheurs qui, comme de faux espions, ont oublié d'enlever le prix de la semelle de leur chaussure, tout comme ils ont oublié d'enlever les fiches, les citations, de l'exposé de leurs idées. Mais on peut encore lire le prix, quand ils croisent les jambes sous la tribune, et la marque de leur imperméable, quand ils le posent sur la chaise, et le millésime de leurs idées, quand ils louchent de leurs yeux fluorescents sous leurs lunettes, vers leur conclusion, essuyant furtivement sur leur échec une larme philosophique.
[[Qu'est ce que l'art du politique?]]
[[ Le monde est dévenu un séminaire ]]
...Elle n’est que légèrement mélancolique. Quelque chose de diffus dans al lumière du jour, d’impalpable comme le langage, donne aux choses un air de mélancolie qui vient de bien plus loin que notre inconscient ou notre histoire personnelle.
[[Est-il vrai que nous avons sept vies?]]
[[Où trouver du plaisir spirituel ?]]Tout l’art du politique est de soulever l’indifférence du peuple.
[[Le pouvoir est abject ]]
[[Le monde n'est qu'une sous préfecture]]Les hommes politiques, le pouvoir lui-même sont abjects parce qu’ils n’incarnent que la profondeur du mépris que les hommes ont de leur propre vie ; Leur abjection est à l’image de celle des dominés, qui trouvent par là même quelque manière de s’en débarrasser. Il faut savoir gré à l’homme politique d’assumer l’abjection du pouvoir et d’en débarrasser les autres. Celle-ci forcément le tue, mais il se venge en refilant aux autres le cadavre du pouvoir. Cette antique fonction héréditaire n’a jamais été démentie.
[[ Alors le pouvoir n'a plus de sens ]]
[[ La vie en soi n'est pas déséspérée... ]]Toujours cette pensée naïve que la lumière, le feu et la sécheresse ne peuvent qu’entretenir chez les hommes les passions les plus fines, et que jamais les passions lourdes et provinciales n’eussent dû fleurir ailleurs que dans le Nord et le froid, liées à quelque instinct de conservation. Hélas ! il n’en est pas ainsi, et le monde entier, comme dit San Antonio, n’est qu’une sous préfecture.
[[Sortir du système]]
[[ La langue saigne ]]Est-il vrai que nous ayons sept vies, trois cerveaux, une âme, deux visages…et pas de langage ?
[[ S'arracher à sa propre vie ]]
[[ S'occuper de soi ]]La coïncidence de choses heureuses est heureuse. Mais la coïncidence de choses néfastes est heureuse elle-aussi. Toute coïncidence est heureuse car elle offre à l’esprit un plaisir spirituel. Le bonheur le plus vif n’est sans doute fait d’ailleurs que du plaisir de ces deux coïncidences. Sinon, serait-ce vraiment un plaisir d’être heureux.
[[ Etre heureux ]]
[[ Simuler l'orgasme ]]Quoiqu’on veuille entreprendre, il faut s’arracher à sa propre vie. Toutes les voies sont bonne : où l’exaspération du Même, ou l’exaspération de l’Autre, ou l’exaspération du Bien, ou l’exaspération du Mal.
[[ Le monde est dévenu un séminaire ]]
[[ Le désert ]]S’occuper de soi c’est l’illusion comique de notre temps.
S’occuper des autres, c’en est l’illusion tragique.
[[ Voyageons ]]
[[Sortir du système]]…Mais alors le pouvoir n’a plus de sens, puisqu’il n’y a plus besoin de lui pour perpétuer cette forme mystérieuse qu’est la servitude volontaire. A partir du moment où le pouvoir n’est plus l’hypostase, la transfiguration de la servitude et que celle-ci est parfaitement diffuse dans la société, alors il n’y a plus qu’à crever comme une fonction inutile.
[[ Une métaphore de la conscience ]]
[[ Soyons sérieux ]]Dans un système aussi perfectionné, il suffit d’être privé de petit déjeuner pour devenir imprévisible.
[[Le système est absurde ]]
[[ Sinon la mort ]]Hégémonie du commentaire, de la glose, de la citation, de la référence. Mais supériorité absolue de l’ellipse, du fragment, du trait, de l’énigme, de l’aphorisme. Ce que j’en dis là est déjà trop. C’est déjà de la glose. Il faut extirper tous les métalangages, arracher la langue à elle-même, arrêter l’hémorragie.
[[La fiction ]]
[[ L'écriture]]La fiction ? J’y suis déjà ; (…) seule façon de traiter les idée : l’assassinat ( on achève bien les concepts) – mais il faut que le crime soit parfait. Bien sûr tout cela est imaginaire, toute ressemblance avec des êtres réels serait purement fortuite.
[[ Je t'aime ]]
[[ La nébuleuse des catégories ]]
Les nouveaux romancier se contentent de transposer la nullité du monde dans la blancheur de l’écriture. Avec en filigrane e clin d’œil vulgaire de la post-modernité ( on n’est pas dupes). En ce sens ils ne représentent plus une littérature de la nullité ( ce que fut l’écriture blanche expérimentale de jadis) mais la nullité de la littérature.
La même mésavanture est arrivée à la peinture : le Bad painting est vraiment une mauvaise peinture – et à la philosophie : le pensiero debole est une pensée vraiment débile.
[[ Etre heureux ]]
[[ Soyons digne de notre perversité ]]Le monde est devenu un séminaire. Tout passe par cette forme académique et fastidieuse. Certaines existences ne sont plus que des séminaires perpétuels, en attendant la concession d’une tombe fraiche à l’ombre de la Culture. Le jugement Dernier transformé en symposium géant, avec prise en charge des frais de voyage et d’hébergement.
[[ Voyageons ]]
[[ Ne voyageons pas ]]Le voyage est une anamorphose.
[[ L'écriture]]
[[ Le désert ]]Le voyage comme l’existence est un art non figuratif.
[[ Il reste l'humeur dépressive]]
[[Est-il vrai que nous avons sept vies?]]L’humeur dépressive entraine presque inévitablement l’accident. Mais, du coup elle change, car l’accident prouve que nous sommes capables d’entraîner le monde dans notre sillage, et qu’il nous reste quelque pouvoir dans le malheur. Une série d’accidents crée une franche allégresse, par considération pour cet étrange pouvoir.
[[ Simuler l'orgasme ]]
[[ Ne pas être là ]]Ils étaient heureux comme des cormorans dans de la Vaseline.
[[ De l'inutilité parmis nous ]]
[[ Sinon la mort ]]Il y a celles qui simulant l’orgasme, et ceux qui se donnent l’apparence d’avoir des idées. Inversement puisqu’il se trouve des femmes qui connaissent l’orgasme sans s’en apercevoir, il doit bien y avoir des esprits que de temps en temps une idée traverse sans qu’ils s’en rendent compte.
[[ Soyons digne de notre perversité ]]
[[ Soyons passif.ve]]En toute circonstance, le problème est d’être là et de ne pas y être - simultanément. C’est-à-dire exactement ce que nous sommes par rapport au monde : nous y sommes et nous n’y sommes pas.
[[Sortir du système]]
[[Penser, et puis monter à cheval, et vivre ]]Descartes, de son proper aveu, pensait deux à trois minutes par jour. Le reste du temps, il montait à cheval, il vivait. Qu’est ce que ces penseurs modernes, qui pensent quatorze heures par jour? Comme disait Barthes de la sexualité, qu’au Japon elle était dans le sexe et nulle part ailleurs, tandis qu’aux Etats Unis elle était partout sauf dans le sexe, ainsi peut-on dire des idées: chez Descartes ells sont dans la pensée et nulle part ailleurs, dans le monde moderne elles sont partout sauf dans la pensée.
[[ De la stupidité ]]
[[ La philosophie, si elle existe… ]]Cessons d’imputer nos actions à quelque cause objective, ce qui revient à dire que nous ne sommes pour rien dans ce qui nous arrive – ce qui est proprement humiliant. Acceptons l’hypothèse que nos malheurs nous viennent d’un malin génie qui nous est propre. Soyons dignes de notre perversité, de notre propension pour le mal, soyons à la hauteur de notre tragique imbécillité.
[[ Notre destin ]]
[[ Soyons sérieux ]]A quoi suis-je personnellement et spécifiquement inutile ?
[[ Mourir n'est rien ]]
[[ Notre destin ]]Etre passif, n’est-ce pas laisser l’initiative à l’autre part de soi-même.
[[La fiction ]]
[[ Ne voyageons pas ]]J’entends fort bien ce qu’on m’explique, mais au fond de moi je suis complice de ceux qui ne comprendront jamais. Une brute sommeille en moi qui ricane de cet entendement et moque éperdument e l’intelligence. Avec ceux qui comprennent je passe un contrat d’intelligence mais avec les autres je scelle en secret un pacte de bêtise. l’intellectuel ou celui qui se prétend tel ( il n’y en a pas d’autres) est celui qui a rompu ce pacte de bêtise et s’en croit libéré. Il touche par là le fond de la stupidité.
[[Le monde n'est qu'une sous préfecture]]
[[ L'écriture]]est partout ailleurs que dans les ouvrages philosophiques. Et la seule chose passionnante est celle de l’anamorphose, cette dispersion des forms philosophiques dans tout ce qui n’est pas la philosophie. Aujourd’hui, le cynisme, le sophisme, l’ironie, la distance, l’indifférence, toutes les passions philosophiques sont passées dans les choses et toute la philosophie et la poésie nous reviennent de là où on ne les attendait plus.
[[ Ne pas être là ]]
[[ Soyons passif.ve]] Il y a des miroirs sans tain qui vous permettent d’espionner innocemment le monde – c’est une des plus belles métaphores de la conscience.
[[ Parler aux médias ]]
[[ Je t'aime ]] Il y a des miroirs sans tain qui vous permettent d’espionner innocemment le monde – c’est une des plus belles métaphores de la conscience.
[[ Ce que je regrette, c'est l'esthétisation de la photographie]]
[[ La brutalité de l'évidence ]]Le système est absurde et pourtant il fonctionne. Mais le fait qu’il fonctionne n’ôte rien à son absurdité. Le fait que le réel existe n’ôte rien à son irréalité.
[[Faut-il vraiment se forcer à penser ?]]
[[Sortir du système]]Toujours toujours c’est le temps qui nous perd, c’est l’argent qui nous gagne, c’est la mort qui nous guette.
[[ Mourir n'est rien ]]
[[ La nébuleuse des catégories ]]Mourir n’est rien, il faut savoir disparaître. Mourir relève du hasard biologique et ce n’est pas une affaire. Disparaître relève d’une plus haute nécessité. Il ne faut pas laisser à la biologie la maîtrise de sa disparition. Disparaître c’est passer dans un état énigmatique qui n’est ni la vie ni la mort.
[[Faut-il vraiment se forcer à penser ?]]
[[ Il n'y a donc pas de hasard ]]Si le destin est implacable, c’est que vous n’avez pas su lui plaire.
[[ Simuler l'orgasme ]]
[[ Ne pas être là ]]Il faut n’être pas sérieux et en avoir l’air. Ou bien être sérieux sans en avoir l’air. Ceux qui conjuguent l’air et l’être sérieux. Ceux-là sont insignifiants.
[[ La nébuleuse des catégories ]]
[[ De l'inutilité parmis nous ]] L’image photographique constitue une révolution considérable dans notre mode de représentation. Son irruption a remis en cause l’art lui-même dans son monopole esthétique. Or, de nos jours, le mouvement s’est inversé : c’est l’art qui dévore la photo plutôt que le contraire. Et c’en est fini de ce néant au cœur de l’image, qui fait sa magie et sa puissance.
[[La flamme ]]
[[ Jamais faire jamais ]]Le hasard caractérisait la possibilité asbolument invraisemblable où les choses, privées de leur determinations et de leur chauses, seraient laissées à elles-mêmes, véritablement libre en effet, et flottantes dans un hyperspace aléatoire avec quelquess vagues chances de rencontre de troisième type. (…) Mais sur un autre plan, bien plus radical que le reel justement, ceci est tout à fait impossible: le hazard, le concept de hazard suppose qu’il n’est pas d’autre enchâinement possible que celui des causes. Il est donc bêtement du côté de la necessité: si les choses n’ont plus de causes (ou si elles ne peuvent plus les “produire”), alors elles ne sont d’aucun ordre, sauf à retourner dans l’équation force des probabilities. Elles errent comme des âmes mortes, dans le purgatoire de l’aléatoire. Le hasard, c’est ça : le purgatoire de la causalité. Lù où les âmes attendant qu’on leur rende un corps, là où les effets attendant qu’on leur rendent une cause.
[[Faut-il vraiment se forcer à penser ?]]
[[ Mourir n'est rien ]] Mieux vaut la douceur de l’incertitude que la brutalité de l’évidence. De toute façon, celle-ci n’est jamais sûre non plus.
[[ Je t'aime ]]
[[Le système est absurde ]]Est-ce qu’une flamme éclairée par une autre flamme peut donner elle aussi une ombre sur le mur ?
[[Essuyer des revers ]]
[[ L'illusion ]]Ne jamais faire aujourd’hui ce que vous pourriez ne faire que demain. Puisque ce que vous ne pourriez faire que demain vous ne pouvez pas le faire aujourd’hui. Ne jamais faire dans cette vie ce que vous pourriez faire dans une autre. Songez à tout ce qui a perdu de son charme parce que vous l’aviez fait dans une vie antérieure.
[[ La philosophie, si elle existe… ]]
[[ Soyons sérieux ]]Tout s’enchaîne dans la nébuleuse des catégories qui commandent à nos actions : pouvoir, vouloir, savoir, croire, devoir, etc. Pour pouvoir il faut le vouloir et pour vouloir il faut le pouvoir et pour savoir il faut pouvoir savoir et pour cela il faut le vouloir. Encore faut-il y croire. Pour vivre tout simplement il faut briser cet enchainement : dissocier le vouloir du pouvoir, dissocier le croire du savoir, dissocier le devoir de l’agir, dissocier l’être du devoir être.
[[ Mourir n'est rien ]]
[[ Le joueur ]]Quand on dit je t’aime c’est déjà le langage qu’on se met à aimer, c’est la première infidélité.
[[ De la fidélité ]]
[[ Sinon la mort ]]Sur la fidélité d’une femme qu’on aime et qui vous aime, aucune inquiétude…Car avec tout ce que vous savez d’elle, s’il s’avérait qu’elle vous trompe, cette révélation serait d’une telle force, elle engendrerait une telle stupéfaction, que tout tristesse personnelle, toute déception morale serait balayée par l’évidence métaphysique de cette immoralité. Ce serait la forme extatique de la désillusion.
[[ L'illusion ]]
[[ Le joueur ]]L’illusion ne s’oppose pas à la réalité. Elle en est une autre plus subtile qui enveloppe la première du signe de sa disparition.
[[La flamme ]]
[[ Ne voyageons pas ]]Si je parle du jeu sans être un joueur, cela justement est un jeu. Et en cela justement je suis un joueur.
[[ Mourir n'est rien ]]
[[ Jamais faire jamais ]]Un revers isolé est contrariant, parce qu’il est de l’ordre du réel. Une succession de revers et d’accidents devient exaltante, parce qu’elle n’est plus de l’ordre du réel et de la cause objective mais de l’enchainement diabolique des phénomènes.
[[Faut-il vraiment se forcer à penser ?]]
[[ Jamais faire jamais ]]« Le déroulement du désert est infiniment proche de l'éternité de la pellicule... Car le désert n'est que cela: une moque extatique de la culture, une forme extatique de la disparition.”
[[ Ce que je regrette, c'est l'esthétisation de la photographie]]
[[Où trouver du plaisir spirituel ?]]